Fibre optique : UE vs USA vs Chine, trois visions, trois résultats

📊 La vérité des chiffres

La comparaison est brutale. La Chine domine à tous les niveaux, avec une couverture de 95 % et une pénétration de 92 %. Autrement dit, plus de neuf foyers sur dix sont abonnés à la fibre, un quasi plein-emploi numérique.

L’Union européenne se situe dans une position intermédiaire. Avec 73 % de couverture, elle dépasse largement les États-Unis, mais n’arrive pas à transformer l’essai : seuls quatre foyers sur dix sont abonnés. C’est deux fois moins que la Chine.

Les États-Unis, eux, ferment la marche. Moins de six foyers sur dix peuvent accéder à la fibre, et moins de trois sur dix en profitent réellement. C’est non seulement moins que l’UE en couverture, mais surtout un taux de pénétration famélique : les Américains font partie des pires élèves des pays développés.

Quand on met ces trois zones côte à côte, la hiérarchie est claire :

• Chine : leader absolu, réseau généralisé et adopté massivement.
• UE : bien couverte mais sous-utilisée.
• États-Unis : retardataires, fibrés à moitié et abonnés à un tiers seulement.

🔎 Pourquoi de tels écarts ?

Europe : des pionniers en avance, des géants freinés par le cuivre et le câble

En Europe, chaque pays avance selon sa stratégie. La France, avec son Plan France Très Haut Débit, affiche aujourd’hui plus de 90 % de couverture et un taux de pénétration supérieur à 75 %. L’Espagne, pionnière dans la mutualisation des réseaux, dépasse les 80 % de foyers abonnés. Le Portugal s’est hissé lui aussi parmi les leaders.

Mais d’autres grands pays ont fait un choix différent : moderniser l’existant plutôt que fibrer massivement. L’Allemagne, par exemple, a largement misé sur le VDSL, une version améliorée de l’ADSL utilisant encore les lignes cuivre. Résultat : des débits corrects (50 à 100 Mb/s, parfois 250), mais très loin de la fibre (1 Gb/s et plus, symétrique). Le Royaume-Uni, lui, s’est longtemps reposé sur le câble coaxial, qui peut monter à quelques centaines de Mb/s mais dont les performances sont instables et surtout asymétriques, avec des vitesses d’upload très faibles.

Ces choix pouvaient sembler pragmatiques il y a dix ans — moins coûteux, plus rapides à déployer — mais apparaissent aujourd’hui comme un pari perdant. Avec l’essor du télétravail, de la visioconférence, de la 4K et du cloud gaming, ces technologies atteignent leurs limites. Résultat : une Europe à deux vitesses, où les pionniers affichent des taux d’adoption proches de ceux de la Chine, et où les retardataires plombent la moyenne (41 %).

Voici la carte complète des taux de pénétration fibre en Europe, n’hésitez pas à la balayer avec votre curseur !

États-Unis : un patchwork d’avancées et de retards, plombé par les prix

Les États-Unis n’ont pas de plan national coordonné : chaque État définit ses priorités. Cela crée une carte contrastée : Rhode Island, Dakota du Nord ou Nebraska dépassent 80 % de couverture, alors que la Californie plafonne à 39 % et le Michigan à moins de 30 %.

À cette disparité s’ajoute une barrière économique. La fibre coûte en moyenne 81 $ par mois, soit 2,5 fois plus qu’en Europe (~31 $) et près de 6 fois plus qu’en Chine (~13,7 $). Dans un marché dominé par des opérateurs privés souvent en situation quasi monopolistique, les prix élevés découragent l’adoption. Beaucoup de foyers préfèrent rester sur le câble, qui reste performant et bon marché, ou tester des solutions sans fil comme le Fixed Wireless Access (FWA).

Résultat : malgré une progression rapide de la couverture (58 %), l’adoption reste faible : seulement 28,7 % des foyers abonnés. La première puissance technologique mondiale fonctionne encore avec un réseau domestique inégal et souvent hors de prix.

Ici la carte de la couverture fibre aux États-Unis pour se rendre compte des écarts entre les États.

Chine : une stratégie nationale et des prix bas qui changent tout

La Chine a pris un tournant décisif en 2013 avec la National Broadband Strategy. Trois priorités ont guidé ce plan :

1. Améliorer la vitesse et la qualité des réseaux pour généraliser le très haut débit.
2. Réduire la fracture numérique rurale, en déployant massivement la fibre dans les villages.
3. Stimuler l’adoption, grâce à des prix accessibles et à une mobilisation nationale.

Les opérateurs d’État (China Telecom, China Mobile, China Unicom) ont déployé à grande échelle et proposé des abonnements très compétitifs, autour de 13,7 $ par mois. Là où les États-Unis freinent par les prix, la Chine a choisi d’ouvrir grand les vannes.

En 2023, la couverture atteint 95 % et la pénétration 92 %, avec un taux d’adoption de 97 % des foyers éligibles. Plus de 500 millions de foyers sont connectés à la fibre, un record absolu, aussi bien en valeur relative qu’en valeur absolue. Ici, la fibre n’est plus un choix parmi d’autres : elle est devenue un service de base, au même titre que l’électricité.

Pas de carte pour la Chine 😞. Les données sont nationales.

👉 Petit à petit, la fibre s’impose partout. La Chine est déjà quasiment entièrement équipée, l’Europe avance mais avec des vitesses inégales selon les pays, et les États-Unis ont accumulé du retard. Mais à mesure que les prix baisseront et que la demande augmentera, la fibre finira par devenir la norme mondiale. Ce n’est qu’une question de temps avant que chaque foyer soit raccordé au très haut débit.


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